A l’abri de la différence (3ème partie)
Si vous avez raté la première partie de A l’abri de la différence, rendez-vous ici
La suite de A l’abri de la différence
Voici la suite du début du roman A l’abri de la différence, je rallongerai tous les lundis.
Lundi 22
Texte de la vidéo :
– Yan, nous allons manger.
Il se rend compte qu’il est resté immobile dans son antre. Plongé dans ses pensées, il ne s’est pas aperçu que tous se sont retirés. Chassez le naturel et il revient au galop ! Non, il ne doit pas se laisser distraire ainsi, ou il pourrait faire chou blanc. Il n’en a pas le droit. Il quitte son espace et rejoint tout le monde dans la pièce principale.
Suite :
Des caisses ont été placées les unes à côté des autres pour faire une table autour de laquelle chacun s’est installé. Les femmes ont trouvé la vaisselle et la nourriture. Tout a été bien préparé, sûrement depuis des mois. Il y a tout ce qu’il faut pour vivre ici un bon moment.
Lundi 29
Anna se lève avec une assiette et un couvert et se dirige vers Emilie qui s’est vite retournée face à son mur. Anna ne renonce pas pour autant. Elle lui dépose l’assiette devant elle.
– Je sais que tu ne dors pas. Si tu veux te joindre à nous, tu peux. Viens avec ton assiette.
Emilie ne réagit pas. Elle n’a pas envie de communiquer avec cette femme. Vu le bruit qu’elle entend, personne n’a l’air forcé de rien. Dès qu’elle se sent seule, Emilie se retourne sur le dos, en faisant attention à ne pas renverser la nourriture. Elle ne compte pas y toucher mais ne veut pas non plus salir son petit espace.
Lundi 7
Elle aperçoit son garde. Même pour le temps du repas, elle n’est pas laissée en paix. Impossible de prendre la clé des champs, il y a toujours quelqu’un. Et vu le monde dans la pièce principale, difficile de passer inaperçue. Peut-être que pendant la nuit… D’ailleurs, est-ce le jour ou la nuit ? D’où elle est, elle a du mal à faire la différence. Elle aimerait bien savoir ce qu’elle fait là, mais personne ne lui dit rien, et elle, elle refuse de leur parler, alors, que faire ? Comment savoir ? Attendre, elle n’a plus qu’à attendre.
Mardi 15
À table, les conversations vont bon train. Chacun a compris et fait bonne figure pour que le temps passé dans cette grotte soit le plus agréable possible. Yan est satisfait de cette ambiance et se sent ainsi mieux dans son rôle. Navré de devoir quitter cette atmosphère devenue enfin respirable, il se lève et annonce son départ.
– Je dois encore sortir cette nuit. Je n’emmène que quelques hommes. Cela ne devrait pas être long. Avez-vous besoin de quelque chose ?
– À part… rentrer chez nous…
– Vous savez que ce n’est pas possible, pas maintenant, mais j’espère le plus vite possible et tous.
– Oui, désolée, ma remarque est déplacée. C’était plus fort que moi.
– Ce n’est rien, je comprends. La situation est difficile pour nous tous. Alors ?
Lundi 21 :
Anna intervient.
— À priori, tout a été bien organisé : l’hygiène, la nourriture, rien ne manque, pour le moment du moins. C’est juste pour les enfants, le temps est long pour eux. J’essaie de les occuper mais si tu trouves des jeux ou du papier, des crayons…
— Je vais voir ce que je peux me procurer, mais je ne promets rien. Anna, tu fais attention à elle.
— Comme d’habitude.
Un petit sourire échangé et Yan se dirige vers la sortie, accompagné de quelques hommes. Les autres paraissent soulagés de faire une pause et de rester tranquilles. Les discussions reprennent et une maman se rend compte d’un manque.
Lundi 28 :
— On aurait dû lui demander une pendule pour qu’on puisse respecter les horaires d’une vie normale. Le jour filtre un peu, mais on a du mal à se repérer dans le temps. J’ai toujours le nez sur ma montre.
— Tu as raison mais trop tard. D’ailleurs, il est temps de coucher les enfants et de libérer Anna.
— Me libérer ? J’aime l’expression, surtout en ce moment !
Personne ne relève et Anna retourne au chevet d’Émilie qui a repris sa position de punie. Elle retrouve l’assiette telle qu’elle l’a laissée.
— Tu n’as pas mangé ? Tu n’es pas raisonnable. En plus, tu crois que c’est bien de gâcher le peu que nous avons ? Tu devrais faire un effort !
Anna repart fâchée. Qui est cette fille qui se prend pour un mur ?
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